Le marché du bio au ralenti en Europe

Publié le par Issaka Salia Ousseini

La crise du bio est-elle arrivée ? Au regard des chiffres publiés ces derniers jours dans les différents pays européens, la question est légitime.

 

En Allemagne, premier marché européen de l’alimentation bio avec six milliards de chiffre d'affaires en 2008, les ventes du secteur ont chuté de 4% environ sur les premiers mois de l’année 2009. Une baisse plus importante que le recul du marché alimentaire dans le pays (-2,4%), selon l’institut fédéral allemand de la statistique.

Au Royaume-Uni, la tendance est la même, avec des reculs de plus de 30% sur certains produits bio, comme le pain. Selon l’association britannique Soil, c’est au dernier trimestre 2008 que la baisse des ventes dans le secteur a commencé à fléchir, la crise économique mondiale ayant encouragé les consommateurs à faire des arbitrages et se détourner d’aliments vendus comme plus sains, mais aussi plus onéreux.

+25% en France

Reste que certains pays résistent mieux que d’autres à la crise. Par exemple, le marché du bio en Suède a enregistré une croissance de 35% au premier trimestre 2009. «  Pour l’instant, nous ne voyons aucun effet » de la récession, explique le responsable de la marque suédoise de bio Krav, Jakob Falkerby. Quant à la France, si les consommateurs se sont tournés «  vers des produits génériques, en vrac ou en gros conditionnements », d’après la chaîne de magasins Biocoop, le marché a progressé de 25% en 2008, selon les données publiées par l’Agence Bio, représentant un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros. Un secteur qui a donc continué de progresser en 2008, puisque les surfaces de conversion ont augmenté de plus de 36%.

Pour l’avenir, le porte-parole de la Commission européenne chargé de l’agriculture, Johan Reyniers, table sur une croissance limitée à 3 à 5% pour l’année 2009 dans l’Union européenne, soit une baisse importante par rapport aux années précédentes, définies par des croissances à deux chiffres.

 

Le bio, bon pour la santé ?
Reste que la crise pourrait s’étendre puisque l’argument de qualité des produits est actuellement remis en question, selon une étude menée par l’Ecole d’hygiène et de médecine tropicale (LSHTM) de Londres. Elle révèle que les produits bios ne seraient pas plus sains que les aliments ordinaires, leur apport nutritionnel étant identiques. «  Sur les 162 études scientifiques publiées au cours des 50 dernières années, seules quelques différences ont été relevées et ne sont pas statistiquement significatives pour démontrer l’apport de la nutrition bio », explique un des auteurs du rapport, Alan Dangour. Une étude qui vient compléter celle publiée par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) en France en 2003.

Du côté des défenseurs du bio, le syndicat national des transformateurs de la filière bio reproche à ces études « d’être orientées et de ne pas avoir tenu compte des méthodes de l’agriculture biologique respectueuses de l’environnement et donc de la santé des consommateurs ». Et en 2007, une autre étude américaine avait prouvé que la valeur nutritionnelle des kiwis issus de l’agriculture bio était supérieure à ceux de l’agriculture traditionnelle. Et les avis n’ont pas fini de diverger. «  Pour dire que le bio, c’est bon pour la santé, il faudrait avoir des études épidémiologiques portant sur des familles mangeant bio régulièrement sur cinq, dix ou quinze ans », explique Lylian Le Goff, expert de la fédération France nature environnement.

Pour en savoir plus

Les aliments bio sont-ils meilleurs pour la santé?

 


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